Alberto Pedro  TORRIENTE
Manteca et autres pièces

 

 

 

 

- Inédit -


Manteca (Saindoux)
Dans le huis clos d'un appartement délabré, deux frères et leur sour ressassent ratages et frustrations en se disputant autour d'un cochon qu'aucun ne se décide à sacrifier. Cette ouvre courageuse pose la question de la déroute du socialisme à Cuba et de la légitimité des utopies politiques qui ne valent peut-être pas mieux qu'une « source éternellement jaillissante de saindoux ».
La première édition de ce texte fut publiée par les éditions de la Mauvaise Graine en 1999, sous le titre « Saindoux ». Cette nouvelle édition, propose le texte retravaillé et corrigé par l'auteur suite à plusieurs réprésentations de la pièce en France, notamment au Théâtre de l'éphémère (Mans) en 2001. De plus, l'ouvrage proposé est augmenté de deux autres pièces majeures d'Alberto Pedro Torriente.
En recourant au réalisme subversif, à la métaphore, à l'humour absurde, le théâtre de cet auteur pose un regard critique sur la réalité politique et sociale saisie dans des situations concrètes du quotidien cubain.

Le banquet infini
Cette farce politique noire se joue dans un monde où les « utopie » ont vingt-quatre heures de pouvoir avant d'être renversées et remplacées. La révolution permanente devient ainsi une fatalité dérisoire dans un système qui tourne à vide pour des personnages eux-même désincarnés et réduits à leur fonction politique et sociale.

Delirio habanero
Alors qu'il va être démoli, un vieux bar en ruine, dernier vestige d'une époque révolue, sert de décor à cette tragi-comédie musicale. À l'intérieur, trois personnages - ou trois fantômes - se prennent pour trois des plus grandes figures de La Havane des années 50, posant ainsi la question de l'identité cubaine d'aujourd'hui.
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                            Collection > L'ivraie 

 


Genre : Théatre
Traduction : André Delmas
260 p. • 120 x 205 mm • 2005
ISBN :2-915013-11-X Prix : 16 €

Les éditions de la mauvaise graine
Alberto Pedro TORRIENTE - Manteca - Extrait

Celestino : — D’accord, n’en parlons plus. Tu as raison. On fait ce que tu dis, mais tu en seras responsable. On le fait maintenant ?
Dulce : — Maintenant ? Mais il faut se préparer. Pas n’importe comment. Il faut planifier, se préparer et surtout ne pas rater son coup sinon tout se découvre et on sera bien embêtés. C’est la première fois, tu ne l’as jamais fait. Réfléchis, Celestino !
Celestino : — (A Pucho) Quand ?
Pucho : — Qu’est-ce que j’en sais ? Voilà que c’est mon problème à moi tout seul, maintenant.
Dulce : — Moi je l’aime bien. Je me demande si c’est normal, tu le dresses, tu le corriges, et quand c’est l’heure, tu oublies tout le travail qu’il t’a donné et tu ne veux plus le faire.
Celestino : — C’est très dur, on s’y attache.
Dulce : — Si on ne le voyait pas tout le temps, ce serait différent. Mais il vit ici, avec nous. Il fait partie de la famille.
Celestino : — Oui, comme s’il était de la famille. Un père ou un fils.
Dulce : — Il faudra bien s’y résoudre, mais je me sens un peu bourreau.
Pucho : — Mais c’est un animal, un animal.
Dulce : — (Le faisant rire) Pour l’amour du ciel, Pucho !
Pucho : — Un maudit animal qui nous empoisonne la vie.
Dulce : — (Le faisant taire) Pour l’amour du ciel, Pucho !
Pucho : — Que tout l’immeuble le sache, tous les voisins, la presse étrangère. Nous élevons un porc clandestinement, un porc ! Et on n’en peut plus, parce que nous sommes trois et que l’appartement est tout petit, et que nous avons tout fermé pour que la puanteur ne sorte pas. Nous élevons un porc qui nous empêche de vivre , de respirer, de recevoir de la visite. Un porc, un porc, un porc ! On élève un porc au seuil de l’an deux mille, en cachette, dans un immeuble d’habitation, au mépris des règlements sanitaires qui ont rendu possible le développement des villes de la planète, parce que nous avons besoin de protéines, de protéines et de saindoux, surtout du saindoux, énormément de saindoux, infiniment de saindoux….

© http://www.lamauvaisegraine.org

Alberto Pedro Torriente

Né en 1954 à LA Havane, Alberto Pedro Torriente a débuté comme acteur et auteur de théâtre la fin des années 1970. Il s'impose rapidement comme un des auteurs phares de sa génération. Il a a son actif une quinzaine de pièces dont plusieurs ont été traduites, publiées et jouées à l'étranger. En recourant au réalisme subversif, à la métaphore, à l'humour absurde, son théâtre pose un regard critique sur la réalité politique et sociale saisie dans des situations concrètes du quotidien cubain.